Au cinéma

Au cinéma : « The Place Beyond the Pines »

Après « Blue Valentine » en 2011, Ryan Gosling retrouve le réalisateur Derek Cianfrance pour « The Place Beyond the Pines ». Le reste du casting se compose de Bradley Cooper, Eva Mendes ou encore Ray Liotta. Le titre du film vient de la ville Schenectady, qui signifie « l’endroit qui se trouve au-delà des pins » en iroquois. Le film sortait dans nos salles françaises le 20 mars 2013.

Synopsis : Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du «globe de la mort». Un jour, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils. Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption. Quinze ans plus tard, le fils de Luke et celui d’Avery se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir …

« The Place Beyond the Pines » est le film que je n’ai pas vu arriver en ce début d’année assez pauvre en bons films. Ce film se découpe en trois parties qui tournent autour d’un évènement. La première se passe avant celui-ci, la deuxième juste après et la dernière nous montre les conséquences de cet évènement quinze ans après. Derek Cianfrance possède un vrai sens de la narration en donnant assez de temps à chaque partie pour exister, aucune n’écrase l’autre. Il y a peut être une petite longueur dans la deuxième partie, mais rien qui ne gêne le plaisir lors du visionnage. En plus d’avoir un sens de la narration, Derek Cianfrance réalise de très beaux plans. J’en ai été subjugué ! Il manie sa caméra avec à la fois une tendresse et une force déconcertante. Ses plans aériens, où l’on voit le personnage de Ryan Gosling rouler à moto sur une route grise entourée d’arbres plus verts les uns que les autres, sont parfaits. De même les plans où ce même Ryan Gosling déboule à toute allure dans la ville après avoir braqué une banque sont extrêmement bien filmés. Les blockbusters et autres films se voulant les rois des courses-poursuites peuvent prendre une leçon de cinéma en regardant la réalisation de Derek Cianfrance.

De même, le film commence par un plan-séquence, où l’on suit Luke de dos jusqu’à sa moto pour faire le show, qui est tout aussi sublime. Pendant ce plan-séquence, le générique du film défile de manière un peu old-school pendant que l’on suit Ryan Gosling, qui arrive à jouer de dos … de dos, quoi (alerte fanboy) ! Il interprète un personnage troublé et perturbé par sa paternité soudaine, qui pourrait être une version plus vieille de Jim Stark, personnage emblématique de « La fureur de vivre » de Nicholas Ray joué par James Dean. D’ailleurs, la veste rouge et la coiffure blonde ne font qu’accentuer cela. De toute façon, Ryan Gosling rend n’importe quel vêtement culte. Après sa veste de « Drive », il va rendre la veste rouge et les t-shirts Metallica, portés à l’envers, tout aussi culte. Eva Mendes retrouve le rôle qui lui colle à la peau depuis des années : celui de la femme éplorée mais, pour une fois, c’est réussi. Elle livre une belle petite prestation, émouvante qui plus est. Cette première partie pose les bases pour la suite et nous amène jusqu’à l’évènement où l’on passe du personnage de Luke à celui du policier Avery Cross, interprété par Bradley Cooper.

Bradley Cooper est étonnant ! Autant je ne comprenais pas trop tout le brouhaha autour de sa prestation dans « Happiness Therapy » (certes plus que correcte mais pas exceptionnelle), autant ici, il y trouve son plus beau rôle ! Rongé par une culpabilité, il doit faire face à la corruption qui gangrène dans le commissariat où il travaille. Ray Liotta apparaît de manière très secondaire, mais il est toujours aussi plaisant de le voir à l’écran. Seul bémol, en plus de la petite longueur de cette partie, la non-importance de la femme d’Avery Cross, interprétée par Rose Byrne. Même si l’actrice est excellente à chacune des ses apparitions. Jusqu’ici, il n’y a qu’un infime lien entre les deux histoires des deux hommes (la découverte de la paternité/la corruption d’un commissariat), et c’est avec son ultime partie que Derek Cianfrance va là où il souhaitait aller depuis le début.

Cette troisième partie débute par un noir où l’on peut lire « Quinze ans plus tard ». On découvre les fils de Luke et Avery, que l’on avait aperçu alors qu’ils n’étaient que des nouveaux nés. Bien sûr, ils ne sont pas au courant de l’évènement qui a réuni leurs pères, il y a quinze ans. Une étrange amitié va alors s’installer entre les deux adolescents. Emory Cohen, joue le fils de Bradley Cooper et Dane DeHaan celui de Ryan Gosling. Ce dernier est tout bonnement exceptionnel ! Il y a chez cet acteur une facilité à jouer des personnages perturbés et à exprimer leurs douleurs à l’écran. C’est avec cette partie que les deux précédentes se rejoignent pour, au final, n’en faire qu’une seule. Tout prend son sens.

« The Place Beyond the Pines » est une gigantesque fresque familiale à travers le destin de deux pères et de leurs fils. Derek Cianfrance s’interroge sur les conséquences que peuvent avoir les actes des parents sur leurs enfants. Une sorte d’effet papillon mais à un degré plus proche. À travers sa réalisation, Derek Cianfrance nous rapproche au plus près des personnages pour nous en livrer toute l’émotion et la dureté de ce qui leur arrive. Comme ce plan où Luke se retrouve à l’église et assiste au baptême de son fils, tenu par Romina et son nouveau mari sur l’autel. Un gros plan, fixe et assez long, sur le visage de Ryan Gosling, qui se trouve dans le côté droit du plan. Rien qu’en pensant à cette scène je me retrouve à avoir des frissons, les mêmes que j’ai eu lors de la séance lorsque que les larmes coulent sur le visage de Luke dans ce plan. La musique de Mike Patton y est pour beaucoup aussi. Elle porte littéralement le film vers ces instants de grâces. Le film se clôture sur « Wolves (Act I & II) » de Bon Iver où les premières paroles sont : « Someday my pain, someday my pain will mark you (Un jour ma douleur, un jour, ma douleur te marquera) ; Harness your blame, harness your blame (Calmera tes reproches) ; And walk through (Et s’en ira) ». Tout le film n’est qu’une question de souffrance. La souffrance de deux familles marquées par un terrible évènement.

« The Place Beyond the Pines » est mon GROS coup de cœur de ce début d’année. Un film où la réalisation sublime, les acteurs épatent, la narration touche, pour livrer un thriller émotionnel sur fond familial. À voir de toute urgence !

The Place Beyond The Pines

The Place Beyond the Pines. De Derek Cianfrance. Avec Ryan Gosling, Bradley Cooper, Eva Mendes, Rose Byrne, Ray Liotta, Dane DeHaan, Emory Cohen, Ben Mendelsohn, …

Sortie le 20 mars 2013.

9 réflexions sur “Au cinéma : « The Place Beyond the Pines »

  1. j’ai bien aimé le film, passé un bon moment, je suis un peu moins enthousiaste que toi mais j’ai apprécié et j’ai été touché.
    Concernant Rose Byrne, je dois dire que je l’ai toujours trouvée fade, le manque de relief de son personnage est sans doute du en partie à ça.

  2. Pingback: The Place Beyond The Pines | Ashtray-Girl's Delirium Tremens

  3. Pingback: News : Premières photos pour « The Amazing Spider-Man 2 » | Ma Semaine Cinema

  4. Pingback: News : Bande-annonce pour «Kill Your Darlings» | Ma Semaine Cinema

  5. Pingback: Top & Flop 2013 : Le bilan de l’année | Ma Semaine Cinema

  6. Pingback: Au cinéma : «Les poings contre les murs» | Ma Semaine Cinema

  7. Pingback: Ma Semaine Cinema

  8. Pingback: Au cinéma : «Life» | Ma Semaine Cinema

Laisser un commentaire