Au cinéma

Au cinéma : «Le majordome»

Après avoir connu le succès avec son deuxième long-métrage « Precious », Lee Daniels sortait l’année dernière « Paperboy » et revient cette année avec « Le majordome ». Ce nouveau film se base sur des faits bien réels que le réalisateur retranscrit à l’écran à l’aide d’un casting cinq étoiles avec entre autres Forest Whitaker, Robin Williams, Alan Rickman ou encore Jane Fonda. Après plusieurs festivals, « Le majordome » sortait dans nos salles le 11 septembre 2013.

Synopsis : Le jeune Cecil Gaines, en quête d’un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d’atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C’est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale.

Avec « Le majordome », Lee Daniels s’intéresse à l’Histoire Américaine vu à travers le prisme d’un majordome de la Maison-Blanche, livrant, dans un même temps, la vision de la communauté noire par rapport à tous les événements de ségrégation que traverse le pays. Si les informations et dialogues dans le bureau ovale restent de l’ordre du minimum syndical, le véritable enjeu se trouve ailleurs. En effet, le point fort de « Le majordome » est de nous livrer en contraste de l’histoire de l’homme de maison celle de son fils, militant actif qui se bat pour ses droits civiques. Alors que le film nous montre que Cecil Gaines sert les personnes de la Maison-Blanche, le montage intercale des plans où l’on voit Louis, son fils, s’asseoir sur un siège réservé au blanc dans un restaurant. Le premier sert les autres, l’autre se sert. C’est sûrement le plus intéressant dans ce film, car les deux parcours séparément n’ont pas véritablement d’intérêt mais le choc des deux amène un propos et une réflexion intelligente.

Pour interpréter ces deux personnages, on retrouve Forest Whitaker et David Oyelowo, aperçu dernièrement dans « Jack Reacher » aux côtés de Tom Cruise. Les deux acteurs remplissent parfaitement leurs rôles en leurs donnant une force, qu’ils mettent à disposition dans les scènes de confrontation des deux personnages. À côté de cela, je me suis laissé surprendre par le jeu d’Oprah Winfrey, alors que je ne m’attendais à rien. Les acteurs choisis pour incarner les présidents sont tous excellents (Alan Rickman, Robin Williams, Liev Schreiber, John Cusack ou encore James Marsden), même si leurs apparitions restent mineures, ils ajoutent un gage de qualité non-négligeable. Comme le film traverse plus de trente ans d’Histoire, les acteurs ont dû être grimés pour faire paraître cela plus convaincant. Si dans certains cas cela fonctionne très bien, le maquillage s’avère moins crédible pour d’autres. Une petite faiblesse qui n’enlève rien aux talents de ces acteurs.

Cependant, la grosse faiblesse qui nous fait sortir de la salle avec un sale goût amer dans la bouche, alors qu’on a globalement aimé le film, est sa fin. « Le majordome » avait jusqu’alors réussit à prendre parti sans jamais être abusif ou trop prononcé, mais fait l’inverse avec sa fin où l’on se retrouve avec un message clair et bien trop prononcé (ceux qui ne l’auraient pas compris ce sont endormis ou alors une consultation chez un spécialiste se trouve être nécessaire). J’ai été alors partagé entre épilogue raté ou slogan sous grosse influence politique. De même, alors que la réalisation se savait être discrète à l’image de son personnage principal, elle apparait en fanfare dans les dernières minutes à coup de phrases choques inutiles, de musiques prenant trop vite des aspects lyriques et des messages et slogans pas très subtiles. On ne peut pas gâcher un film juste avec sa fin dîtes-vous ? « Yes, we can ».

Au final, la puissance du récit de « Le majordome » se trouve dans la famille du personnage principal plutôt que dans son métier. C’est un film porté par ses acteurs mais où la fin pêche à vouloir trop marquer les esprits.

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Le majordome. De Lee Daniels. Avec Forest Whitaker, David Oyelowo, Oprah Winfrey, Alan Rickman, Robin Williams, Liev Schreiber, John Cusack, James Marsden, Lenny Kravitz, Jane Fonda, Terrence Howard, Cuba Gooding Jr., Mariah Carey, …

Sortie le 11 septembre 2013.

4 réflexions sur “Au cinéma : «Le majordome»

  1. Bonsoir, personnellement j’ai très moyennement aimé le film qui se traîne. Forest Whitaker que j’apprécie habituellement est assez terne. Il se fait invisible comme le majordome à la Maison Blanche.Cela manque beaucoup de nuances. Bonne soirée.

  2. La plupart des gens ne font pas attention à la fin, à part l’oeil attentif des cinéphiles. Pour ma part, j’ai trouvée ce film très intéressant ( à part sur certains points technique) et puis le cinéma est aussi un lieu d’expression, et la personnalité du réalisateur se reflétera dans son film, peu importe ses convictions. Bien que je suis d’accord sur le fait que cela aurait pu être un petit plus subtil.

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